Lettre d'info N° 2
Février 2015
Édito
Alors que nous venons d’entamer notre quatrième semestre d’activités, je me réjouis de constater que l’Idip trouve sa place au sein de l’Université de Strasbourg. Nos ateliers sont bien fréquentés. Les Stammtisch - ces rencontres mensuelles pendant une pause déjeuner pour une discussion informelle autour de questions pédagogiques – rencontrent un vif succès. Nous sommes de plus en plus sollicités pour accompagner les enseignants et les équipes pédagogiques désireux d’innover sur le plan pédagogique. Nous avons maintes occasions de rendre compte et de valoriser les expériences menées de part et d’autre. Ainsi, le développement et l’innovation pédagogiques font désormais partie de la culture pédagogique de l’Université de Strasbourg et bénéficient d’une bonne visibilité, voire d’un rayonnement national et international.
Selon moi, l’innovation pédagogique survient à deux conditions. La première est de pouvoir disposer d’espaces d’expérimentation afin d’essayer des choses nouvelles. Les ressources des investissements d’avenir permettent de créer ces espaces d’expérimentation et de fournir les ressources nécessaires pour se lancer dans l’aventure. La seconde condition est de pouvoir disposer d’espaces collectifs pour réfléchir sur l’expérimentation, l’analyser et comprendre les effets des dispositifs pédagogiques sur les apprentissages des étudiants. Sans ces espaces d’analyse et de réflexion, le changement reste un phénomène de surface sans impact durable sur les pratiques pédagogiques et sans possibilité de transfert à d’autres contextes que ceux dans lequel l’expérimentation a pris place.
Pour moi, le rôle de l’Idip consiste à créer et à animer ces espaces collectifs d’analyse et de réflexivité afin que l’expérimentation s’inscrive dans la durée et profite au plus grand nombre. Ceux qui me connaissent savent à quel point j’insiste sur l’importance de soutenir le travail collaboratif pour prendre en charge collectivement le développement de l’enseignement universitaire et de ses pratiques pédagogiques. C’est pourquoi, pour 2015, l’Idip s’est donné comme mission de rendre plus visible le travail collaboratif existant.
Notre intention est de réunir toutes les personnes qui agissent pour le développement et l’innovation pédagogiques, quelles qu’elles soient, et de soutenir la création de communautés de pratiques et de réseaux de travail. Avec cela nous poursuivons un double objectif : celui, d’une part, de reconnaître et de faire connaître le travail des personnes qui oeuvrent dans leur coin, voire dans la solitude et celui, d’autre part, de montrer que l’expertise en matière d’innovation pédagogique n’est pas de la seule exclusivité de l’Idip et que chacun et chacune détient une expertise en matière d’innovation pédagogique qui mérite d’être partagée. C’est aussi pour nous un moyen de rassembler toutes les personnes qui travaillent dans des fonctions d’accompagnement pédagogique pour constituer un réseau des conseillers pédagogiques de l’enseignement universitaire pour le Grand Est, à l’instar de ce qui existe dans d’autres régions de la France. L’Université de Strasbourg a désormais l’expertise pour prendre le leadership en matière d’innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur et l’Idip compte bien le faire savoir.
Nicole Rege Colet, directrice de l'Idip
Les DNI (Dernières Nouvelles de l'Idip)
Journée scientifique de l'AIPU à Lille le 9 avril 2015 | |
La section France de l’Association Internationale de Pédagogie Universitaire (AIPU) a pour objectif de soutenir le développement professionnel, en France, de l’ensemble des acteurs de la pédagogie universitaire, chercheurs et praticiens confondus. Pour ce faire, elle organise chaque année une journée scientifique. |
Questions de Pédagogie dans l'Enseignement Supérieur (QPES) | |
| La huitième édition du colloque Questions de Pédagogie dans l'Enseignement Supérieur (QPES) se tiendra à Brest du 17 au 19 juin 2015. Elle portera sur les questions de qualité liées à l'innovation pédagogique. |
Université d'été de l'Idip : réservez les dates ! | |
L’Idip organise sa première université d’été les 1, 2 et 3 juillet 2015 au Palais universitaire de Strasbourg. La rencontre sera consacrée au décloisonnement et proposera différentes manières d’aller au-delà des frontières pour innover dans l’enseignement. Sous le signe de la bienveillance et de la convivialité, conférences, ateliers, activités culturelles, pauses bien-être et, surtout, moments réservés aux échanges nous inviteront à nous ouvrir pour libérer notre intelligence créatrice. L’événement est ouvert à toute personne ayant une charge d’enseignement à l’Université de Strasbourg. Les inscriptions démarreront à la mi-avril. Les places étant limitées, réservez d’ores et déjà les dates et surveillez vos messages ou faites nous part de votre intérêt à y participer dès maintenant (idip-contact@unistra.fr). |
L'offre de formation
Zoom sur l'EEE et l'approche-programme
Au royaume des démarches qualité, l’évaluation des enseignements par les étudiants (EEE) suscite bien des questions et des controverses. La multiplication des pratiques d’évaluation laisse parfois perplexe. Comment s’y retrouver ? Peut-on se fier aux points de vue des étudiants ? Comment utiliser l’évaluation pour réfléchir sur ses pratiques pédagogiques ? Comment la mettre en place et l’intégrer dans une culture pédagogique en transformation ?
Lorsqu’elle est conçue et mise en œuvre selon certains principes, l’EEE devient un formidable outil de développement professionnel. C’est pourquoi, l’Idip a pris le pari de redonner aux enseignants le goût de demander à leurs étudiants d’évaluer leurs enseignements en organisant un nouveau cycle de formation.
Composé de 5 ateliers, le cycle commence par rappeler les principes pour que l’EEE soit au service du développement des enseignants. Il présente ensuite les outils et la méthodologie qui sont alignés avec ces principes fondamentaux avant d’aborder des questions pratiques comme l’adaptation de l’EEE à ses besoins, l’interprétation des résultats et la communication autour de l’évaluation.
Plus que des activités de formation, les ateliers ont été conçus comme un lieu de partage et d’expérimentation. Les participants qui le souhaitent pourront élaborer leur propre questionnaire d’évaluation, l’administrer, pour ensuite analyser ensemble les résultats.
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L'approche-programme
L’approche-programme est une démarche rigoureuse d’élaboration d’un programme de formation en fonction des compétences visées à la fin de la formation. Elle invite les enseignants et les équipes pédagogiques à travailler ensemble à identifier les compétences attendues au terme de la formation, puis à définir le parcours de formation qui conduit les étudiants à développer ces compétences.
La première étape consiste à clarifier les intentions de formation : quel diplômé souhaitons-nous former ? La vision partagée autour de valeurs communes permet ensuite de rédiger le référentiel de compétences qui sert de trame pour formuler les objectifs d’apprentissage et le parcours de développement des compétences. Il fournit l’architecture pédagogique de la formation. Les enseignants seront alors en mesure de déterminer, pour leurs enseignements, les méthodes d’enseignement et les modalités d’évaluation adaptées au parcours de formation et à ses intentions formatives.
Destinés aux responsables de formation (mais pas uniquement), ce cycle de formation de 5 ateliers propose d’entrer progressivement dans la logique de l’approche-programme pour en saisir les concepts et les enjeux et pour, ensuite, en maîtriser les outils de l’ingénierie pédagogique au service de la cohérence pédagogique.
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Témoignage
Paul Burgun partage son expérience de classe inversée
Ma première expérience de classe inversée a eu lieu pour un cours sur la législation. Après avoir prévenu les étudiants qu’il fallait compter environ une demi-heure de lecture, je leur ai demandé de chercher sur Internet des articles choisis.
Mon cours a eu lieu un mois plus tard. Ayant décidé de leur faire faire des jeux de rôles, j’avais préparé quatre scénarii proches de leur future réalité professionnelle d'orthoptistes :
- une rupture de secret professionnel ;
- un exercice illégal de la profession d’infirmier ;
- une demande de certificat tendancieux dans le
cadre d’un divorce ;
- un entretien d’embauche.
Nous avons agencé la salle en demi-cercle, puis j’ai demandé des volontaires qui se sont désignés sans problème. J’avais divisé les scénarii en différentes scènes. Chaque « acteur » a reçu une fiche sur laquelle était noté son profil et ce qu’il était censé savoir. Avant de jouer les scènes, j’ai présenté le contexte au reste des étudiants. Après le jeu de rôles, chacun a été invité à se prononcer : s’ils étaient amenés un jour à juger ce type d’événement, condamneraient-ils ou non les personnes en question ? Très bel exemple d’évaluation par les pairs, j’étais ravi. Spontanément, nous avons enchainé sur les pratiques les plus judicieuses à adopter dans ce type de situation ; et nous avons à chaque fois débordé sur des sujets annexes mais tout aussi importants pour leur activité professionnelle à venir.
Pour ma part, le bilan s'avère très positif. Je me suis en effet épargné la lecture rébarbative de tous les textes pendant un cours. Mes étudiants étaient impliqués grâce à cette nouvelle modalité d’apprentissage. Nous avons même eu droit à quelques fous rires ! J’ai le sentiment qu’ils ont intégré l’intérêt de ces articles du code de la santé publique ainsi que les postures à adopter face à une situation délicate. De plus, mon rôle a changé lors de ce cours : d’enseignant « jouant » son cours comme un acteur, j’avais, cette fois, une fonction d’animateur que j’ai beaucoup aimé.